«Aux confins est du domaine de La Lande (commune du Plessis-Trévise), qui appartient, au début du XIXème siècle, au maréchal Mortier, en bordure du chemin rural de la Queue-en-Brie à Gournay et des futaies qui le longent, a été construit aux environ de 1870, au lieu-dit Bois-Lacroix, un modeste cottage. Le propriétaire d’alors Badeuil, négociant parisien, fit édifier non loin de là une nouvelle demeure qui prit l’allure d’un véritable château. Le tout fut achevé par le romancier Georges Ohnet, qui trouva dans ce coin retiré, la tranquillité et le calme qu’il cherchait.»
Edouard Lebeau: (page 338 – Trois paroisses de la Brie française: Pontault, Berchères, Combault).
Ce livre est disponible à la médiathéque de la commune.
Le goût pour les pastiches qui règne à la fin du XIXe siècle a inspiré la construction de ce château au style indéfini, pourvu de mâchicoulis, de lucarnes gothiques et de tourelles médiévales, mais également de grandes ouvertures de style classique.
L’édifice est achevé après 1903 par Georges Ohnet. Celui-ci se porte acquéreur de nombreux terrains dans la commune à l’époque des premiers lotissements.
A sa mort en 1918, sa fille unique Claire, mariée à Lucien Morane frère de Léon Morane (pilote puis constructeur d’avions), hérita du château. Celui-ci devint leur résidence secondaire jusqu’à la dernière guerre au cours de laquelle le château fut réquisitionné par les Allemands.
Le fils unique de Claire Morane, Jean Georges Morane, hérite du château après le décès de sa mère en 1967.
La suite nous est bien connue, le domaine du Bois la Croix et le château sont devenus propriétés indivisibles des copropriétaires du domaine «Village Anglais – Bois La Croix».
Georges Ohnet un écrivain aujourd’hui quasiment inconnu.
Georges Ohnet de son vrai nom Georges Hénot, est né le 3 avril 1848 à Paris.
C’est d’abord en tant que journaliste qu’il se fit connaître dans le monde des lettres.
Après la guerre de 1870, il devint chroniqueur au Pays et au Constitutionnel.
Il se consacrera à partir de 1882 à une série de romans intitulée: Les Batailles de la vie qu’il publie d’abord en feuilleton dans Le Figaro, L’Illustration et La Revue des deux mondes.
Parmi ces romans, les plus connus restent Serge Panine, Le Maître de forges et La Comtesse Sarah
Atteignant des tirages supérieurs à ceux de Daudet et de Zola, les romans de Georges Ohnet connaîtront une popularité inégalée et feront de l’écrivain une vedette instantanée dans le monde littéraire alors essentiellement dominé par les écrivains naturalistes. Selon Auguste Vitu « tout le monde a lu Le Maître de forges» en 1883 et si l’on en croit l’article sur Le Docteur Rameau paru dans Le Radicalle 10 février 1889, c’est « par piles, par monceaux que les exemplaires du roman s’entassent à la devanture des libraires ».
Les œuvres de Georges Ohnet seront traduites partout à travers le monde dont notamment en Angleterre, au Portugal, en Italie, en Allemagne et aux États-Unis.
En effet, après Serge Panine, ce sera au tour du Maître de forges d’être adapté. La pièce sera jouée au Gymnase en 1883 et avec plus de 271 représentations en quelques mois, elle connaîtra une célébrité éclatante : « un immense succès d’intérêt, d’émotions et de larmes », écrira-t-on dans Le Figaro le lendemain de la première.
Succès qui dépassera même les frontières de la France puisque la pièce sera jouée à St-Pétersbourg et à Londres.
En 1887, tirera un drame de La Comtesse Sarah, en 1888 de La Grande Marnière, tandis que Dernier amour sera adapté pour la scène en 1890.
En plus de ces nombreuses adaptations, Ohnet écrira pour le théâtre des pièces originales. Le Colonel Roquebrune sera joué à la Porte Saint-Martin le 24 décembre 1896 et le drame historique Les Rouges et les Blancs sera présenté le 26 janvier 1901 sur la scène du même théâtre
Si Georges Ohnet connut un grand succès auprès de ses lecteurs, il n’eut pas toujours la même popularité auprès de ses contemporains.
Mettant en vedette les luttes de la classe bourgeoise, les œuvres de Georges Ohnet sont teintées d’un idéalisme moral qui sera souvent la cible d’attaques virulentes de la part des critiques de l’époque.
En 1885, Jules Lemaître alors feuilletoniste pour la Revue bleue, critiquera sévèrement l’œuvre du romancier qu’il qualifiera de littérature banale, créée pour « des illettrés qui aspirent à la littérature ». Pour Lemaître, Ohnet n’est ni un « grand » ni un « bon » écrivain. Il cherche surtout à plaire à un public qui ne se soucie pas d’art et de littérature en écrivant des récits faits « d’une triple essence de banalité »
(« Georges Ohnet », Les Contemporains, Paris: Société française d’imprimerie et de librairie, 1898, 21e édition)
Adolphe Brisson critiquera la langue « grossoyée et dépourvue de délicatesse » de ses romans (Pointes sèches, Paris: Colin, 1898), tandis qu’il sera considéré comme un «écrivain médiocre et snob » par Anatole France (La Vie littéraire).
Enfin, dans un article publié dans le Gil le 20 mai 1884, le journaliste Fernand Xau ira même jusqu’à accuser d’avoir tiré des parties entières de son Maître de forges d’un roman suédois publié en 1846 par Émilie Carlen, Deux jeunes filles ou un an de mariage.
Accusation de plagiat à laquelle le romancier niera toute authenticité : « La vérité écrira-t-il en réponse à Xau dans une lettre publiée dans Le Figaro le 21 mai 1884, est qu’il y a deux jours j’ignorais l’existence même du roman de Mme Carlen. Et à l’heure présente, je ne l’ai pas encore lu ».
Une chose reste certaine: adulé ou vilipendé, ne laissera pas indifférent le public-lecteur de la Belle Époque.
Le célèbre romancier décédera à Paris le 5 mai 1918.
Etat du château avant 1970. La restauration de Breguet construction fut terminée en 1982 pour devenir un centre culturel (en conformité avec la déclaration de la ZAC en 1970)
Le château Bois la Croix est depuis 2016 sur le parcours pédestre du patrimoine de la commune (juste pour la vue)